

Nos enfants nous rappellent
que nous sommes les héritiers de la joie...
Par David Ciussi

« Mon dieu ! je suis enceinte… une atmosphère transparente, soyeuse, douce et protectrice me traverse…
Quel est ce sentiment nouveau qui pulse dans les profondeurs de mon être…oui … je le reconnais … comme un visage oublié qui revient à ma mémoire, je me souviens de ce sentiment affectueux et extraordinaire… , l’aube se lève dans mon corps ! Je suis en vie, je suis la vie, je suis la vie qui passe de vie en vie, je suis le mouvement de l’apparition d’ un autre être… … j’éprouve une force et une fierté incommensurable… Je me sens responsable, humble, invincible et profondément heureuse d’être au cœur du mystère, héritière et passeuse de la joie intime, originelle qui pulse au cœur de toute chose … Oh, quelles beautés, quels jaillissements, que de secrets nous portons tous sans le savoir »
Chers Amis, dès le moment de la naissance annoncée, l’enfant nous bouleverse, nous transforme, nous oblige à grandir dans notre parenté inconnue, nous invitant à passer du mode « moi-moi » à donner « tout-tout ».
Donner quoi au juste ? Oui, bien sûr, les choses de la survie, du confort, de l’éducation… mais surtout d’animer et d’aimer la joie, le plaisir d’être ensemble, de jouer dans la spontanéité et d’être responsable du sentiment que la vie nous aime.
Ce sentiment que la vie nous aime, les enfants nous le réapprennent lorsqu’ils essayent de marcher, de parler, d’agir dans la vie sans se critiquer ou se lamenter... Ils nous réapprennent à être naturels devant les joies et les peines, passant des unes aux autres sans remords ni culpabilité.
Naturels… signifie être en confidence avec soi et être capable de se confier ou de recevoir l’autre dans un mouvement continu d’émotions nouvelles, de réponses vives animant les ponts mystérieux de l’un à l’autre, dans l’instant, sans construire de traumatismes dans les processus pédagogiques du quotidien.
LA NECESSITÉ D'ÊTRE VRAI
Les enfants apprennent par mimétisme : ils observent, écoutent, répètent. Pour que l’enfant soit vrai, il faut donc que le parent devienne vrai, aimant et porteur du sentiment « la vie m’aime ».
Aimer, apprendre et dire ce qui va bien est plus efficace que d’additionner et répertorier ce qui va mal…
Eduquer un enfant, c’est s’installer soi-même dans l’art de la joie, de l’écoute et de transformer toute situation en apprentissage et non en problème.
Que se passe-t-il lorsque le parent reste dans une projection négative de lui même ?
L’enfant observe, apprend, répète ou réagit face à l’héritage du parent.
L'HERITAGE MENTAL OU L'HÉRITAGE DE LA JOIE
L’héritage mental consiste à critiquer, dévaloriser la vie et les autres sans conscience des effets secondaires.
Voici quelques exemples : « Il devrait être plus gentil, plus aimant, plus reconnaissant etc. »
Ces petites phrases mécaniques et répétitives créent un sentiment d’isolement…
Ce sentiment de solitude enchaîne un autre ressenti, celui d’en avoir assez des autres ; cette impression de séparation crée en nous des micro- fissures… En répétant ces phrases à nos enfants, ils finissent par croire que la vie est sans joie profonde. Il ne reste que des réactions : la vie mentale… Nous récoltons ainsi le salaire de nos inquiétudes et de nos projections sur la vie qui devrait être…différente.
L’héritage de la joie : apprendre à apprendre de tout ce que notre vie humaine nous offre sans crainte, indifférence ou soumission face au difficultés.
Apprendre et aimer apprendre les lois et les secrets qui transforment l’ignorance en lumière, la peur en tranquillité, la tristesse en joie et l’injustice en semences de paix. Ce cheminement est d’abord intime au cœur même du parent, ensuite il transmettra son héritage aux enfants et aux autres par une infinie délicatesse face au réel, comprenant les difficultés et les échecs des autres sans les critiquer ou douter.
Leur joie sera inépuisable car elle se renouvelle naturellement grâce à la connaissance qu’ils ont de leur héritage de bonheur.