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Identifications éphémères et métamorphose en « Je suis »

Par David Ciussi

L'IMAGE-MOI

La plupart des gens s’identifient à : « J’ai un corps, un âge, un nom, une patrie, une religion et une position sociale. » ou encore « Si les autres remarquent mes incohérences, mes désordres, mes erreurs, je me sens fragilisé, attaqué, déprécié, jugé etc. » Cela correspond à un besoin d’être reconnu, respecté et surtout aimé. Ce personnage qui s’identifie à ses réactions additionne les conflits, projette le drame et se camoufle sous le nombre de ses pensées, nous le désignons par le concept « l’Image-moi » qui est le personnage psychologique.

 

Ce personnage psychologique a un besoin instinctif de protéger les frontières de ses peurs, il vit dans un sentiment d’insécurité émotionnelle, intellectuelle et spirituelle. Comme tout change constamment, il s’est construit un masque-moi pensant y trouver une sécurité contre l’envahissement des pensées contraires. Il est caché dans un rôle complexe pluri-identitaire, tantôt protecteur, proie ou bourreau. Il n’aime pas sa personnalité masquée car il n’est que l’ombre de lui-même et se retrouve en conflit à l’intérieur de lui face au monde extérieur. Il est enfermé dans un mouvement de pensées intérieures « MOA, dans ma tête ». Il n’est pas ouvert, ni réceptif aux autres. Il évalue, critique, juge, culpabilise, résiste aux observations et aux apprentissages. Pour maintenir ses illusoires et fausses protections, il érige des barrages émotionnels et intellectuels, des croyances et des projections etc. En réalité, il ne pense qu’à lui.

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Par barrages émotionnels nous entendons que le personnage est soumis à la tempête des sentiments contraires, alors, pour protéger son âme d’enfant, il cache ses ressentis intimes et se masque pour se mettre à l’abri des vents défavorables.

Au-delà des barrages émotionnels, il rencontre aussi des barrages intellectuels. Il s’identifie au brouhaha des idées venant de l’extérieur et à celle des monologues dans sa tête (pensées contraires).  Il invente alors une échappatoire, la projection mentale étalée dans un temps « long » le passé et le futur. De ce fait, il nie et oublie l’instant proche, source pure, du présent glorieux.
Dans les profondeurs de sa personnalité, il entretient un conflit entre « je pense » et « je suis ». La particularité psychologique du barrage intellectuel, c’est d’accumuler des savoirs, des compréhensions, des explications, des certitudes extérieures pour exorciser son mal-être face à l’inconnu et au mystère de la vie. Le terrain du « pour ou contre » est inépuisable dans la maison des oppositions intellectuelles, religieuses, sociales, comportementales !

En adoptant cette identification de résistance face aux changements, celle-ci entrave sa propre transformation, elle charrie la peur de soi, la souffrance de la douleur, la solitude, la peur de l’inconnu, l’angoisse de ne pas comprendre et de se sentir prisonnier et mortel, etc. Mais, surtout, cette crispation de l’image-moi entraine singulièrement l’inaction du sujet qui résiste psychologiquement à lui-même. Il n’a plus confiance en lui et ne peut plus apprendre.

Penser au futur déjà griffonné de passé et de connu demande un effort conceptuel et émotionnel qui use l’esprit de la découverte et étouffe « je suis » d’autant que le faux monde de la pensée mentale est vaste et captivant.   
Passer du désordre mental, de la chenille au papillon dans une métamorphose nouvelle, n’est pas chose aisée car, pendant cette mutation, le moi est encore identifié à « la pensée psychologique », mémoire qui a besoin d’un temps long illusoire pour maintenir un désordre mental mis en scène par l’image-MOA. Cette personnalité n’aime plus le principe d’aimer apprendre, elle n’est pas prête à suivre l’élan spirituel que le monde a ensemencé en elle.

 

La question à se poser est : Cette intelligence permet-elle de m’aimer, d’être étonné de penser, de parler, d’agir, de dormir,

de donner du sens à mon existence personnelle en lien avec les autres ?

Cette image-moi et son intelligence pensante n’est-elle pas en conflit interne
en érigeant un fossé entre mon identification « je pense » et ma nature profonde « je suis » !    

 

Je suis né (identification) remplace je suis (nature profonde)
J’ai un corps remplace je suis,
Le mot esprit est devenu « ma tête »,
Le moi-pur « je suis » est devenu MOA, l’image-moi,
La parole sacrée est devenue un bruit parasite, une parole brouillée.

 

Ainsi les sens et la pensée sont parasités !  Des résistances, émotionnelles, intellectuelles attachées aux explications, aux croyances, désamorcent insidieusement l’étonnement et la bonté d’Etre. Elles neutralisent la valeur infinie du miracle de la conscience et le lien filial divin.

 

Quelques mots sur l’image-moi ordinaire, avant sa métamorphose en je suis.

Vous vous dites : je suis impatient, colérique, nul, égoïste ou je ne suis pas aimé etc.  Un conflit apparait et votre pensée, juste après, dit :  je dois être patient, paisible, plus intelligent, je dois aimer les autres etc.

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Observons le conflit interne qui se matérialise à l’extérieur, prenons l’exemple de la patience. «  JE DOIS / ÊTRE PATIENT »

- « Je dois » : « Je » négation de « je suis », je ne suis pas vivant en tant que  
première personne, je me projette tout de suite dans le verbe et l’adjectif « doit ». Cette pensée cherche exponentiellement des conflits dans la mémoire de son passé concernant l’autorité.

- « Etre patient » : la solution n’est pas en moi tout de suite car j’ai une image de comparaison négative de moi : Je sais que je suis impatient et je lutte contre moi.

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Résultat : Je pense contre moi, car je suis identifié au temps de la   
pensée et à « l’espace mental » des situations de ma vie, à une existence déséquilibrée, soit idéalisée, soit dévalorisée.
Je vis dans un faux temps et un faux espace de connaissance mentale en décalage avec l’expérience directe. « Quand je vois, je vois (expérience directe),  quand je pense, je pense (espace mental) ».
Cette image-moi ne boit pas à la source vivante, elle boit dans un miroir.
Cette activité parasite et mentale ne peut être vue par la pensée, par l’activité ténébreuse de l’image-moi. Elle œuvre en cachette et a besoin de conflits, de drames. Elle ne peut se dénoncer elle-même. Mais la métamorphose est possible.

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MÉTAMORPHOSE

Tout est amour pour celui qui voit la conscience des métamorphoses de Je suis en « Je Suis »

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Maintenant, après avoir plongé dans les eaux troubles de l’image-moi et traversé les images mentales parasites de la pensée

et de son MOA caché, remontons à la surface, régénéré en Je Suis : la découverte de l’auto-connaissance.

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Pour nous atteindre et accéder à la conscience pure, nous avons découvert un langage primordial que sont les gestes de conscience. Ils ensemencent le sens premier de notre humanité. Ils sont la forme de médiation symbolique intuitive, comme un saut quantique d’avant la pensée. Cette activité consciente nous apprend à veiller sur ces mots, graines fécondes, qui viennent directement de « l’Éternel ».

 

« Tous sont invités à boire à la source sacrée mais peu acceptent de comprendre que chaque parole prononcée, même dans l’usage journalier, peut donner la vie ou  son contraire. Il est judicieux d’apprendre à mourir, totalement, joyeusement, dans la grâce et la parole vivante en « dieu » pour accéder au mystérieux paradis en chantier ; ainsi les mots source, éveil, je suis, sont naturellement l’eau cristalline qui murmure à l’âme éternelle des montagnes. Elle descend pure, parée d’arcs en ciel et de diamants. La neige éphémère devient ruisseau faisant la course avec les nuages. Ils deviennent un flot sauvage, se reposant en vasques transparentes où nous aimons nous baigner. »

 

Apprendre à descendre de la montagne c’est veiller sur l’innommable, l’impensable, l’indéfini, l’inexplicable, l’inconnu, l’incalculable. Ici « je ne sais rien » ouvre le passage de l’honnêteté pédagogique, la transmission éclairée et douce telle une nuit au coin du feu invité par le divin à recevoir l’inestimable parce que la Vie l’a décidé.

Étant arrière-grand-père depuis peu, j’essaie de mettre de la lumière entre la connaissance directe d’un enfant et les identifications à un personnage MOA qui a réponse à tout.
Nous pouvons tous ressentir avec émerveillement, la grâce et la joie infinie de l’accueil bienheureux que nous inspire un bébé, dès les premiers mois de sa naissance.
Observons avec un ravissement intime et passionné, la manière dont il communique avec lui-même en relation avec son environnement immédiat.
Pendant son sommeil, son visage et son corps sont calmes, sereins, l’enfant sourit même « aux anges ».
Quand une nouvelle personne arrive dans son environnement, les yeux grand ouverts, il reçoit totalement, il voit intensément, activement, sans distraction ou inattention… il sourit… quel que soit le visage, le statut social et l’histoire de la vie de cette personne.
Son accueil est direct, bienveillant, il ne vous juge pas, ne vous compare pas, il vous englobe en lui.
Et pourtant, pour vous, dans cet instant, est-il incomplet, ne communique-t-il pas avec vous totalement ?   Il vous sourit et vous lui souriez, un doux sentiment et un silence de cathédrale émanent du plus profond de votre cœur, vous ne pensez plus à vous…. ni à vos problèmes.  Vous êtes le témoin du mariage des âmes, d’une communauté spirituelle d’avant les mots. Une vie première s’éveille en vous, elle vous caresse l’âme. Un baume de bonheur apaise vos blessures, tout en vous est sauvé, vrai, sacré. Ces secondes sans « tic tac » seront vécues comme un moment d’amour intense, un câlin spirituel vous plongeant dans un ressenti apaisant, délicat et mystérieux.

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« Je suis sans pensées mais plein de vie, je suis conscient d’être intensément présent vivant dans un espace sans temps comme un fleuve sacré entrant dans sa source. L’éclairante musique des arcs en ciel enchanteurs bercent les pouponnières d’étoiles. Je me sens lové, consolé, bien heureux. Je suis vivant avant d’avoir un corps, un nom, une nationalité, une religion, des avoirs ou des savoirs.

« Je suis tout cela » est ma première identité, ce qui advient ensuite est une succession de métamorphoses de Je suis.
Je me sens bercé dans un sourire si tendre et délicat qu’il me semble venir directement du père et de la mère de tous les enfants. Je me sens instruit par une intuition musicale « bienveillante » d’avant les langues humaines. Je réalise que je n’ai plus de tête, ni de corps, mais on dirait que j’habite en moi, ici, dans mon esprit individuel mais aussi, en même temps, partout dans la chambre cosmique de mon esprit. »

 

Je vois le miracle des sept miracles instantanés.

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   •    L’apparition de la vie et de la famille humaine.
   •    L’apparition de l’espace qui colle tous les objets ensemble, leur permettant ainsi d’être différents.
   •    L’apparition du temps qui permet le continuum de l’intemporalitédans cet instant proche.
   •    L’apparition de cette intelligence créatrice qui invente tout en elle.
   •    L’apparition des sentiments qui ensemencent l’amour de l’un à l’autre.
   •    L’apparition des pensées qui permettent le voyage de l’imaginaire pur.
   •    L’apparition de la parole pure, Elle donne le don d’une liberté infinie à ses enfants. Elle leur permet de jouer à être divins-humains, de 

        plonger directement dans la chambre de leur esprit, identifiés à « je suis pur esprit, je suis tout ce qui est » jouant à être moi, le

        prolongement pur inaltérable, sacré, merveilleux et indéterminé.  

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Nota bene : Cette proposition d’exploration est une expérience vécue, partagée, ensemble, par des explorateurs de l’honnêteté loyale, de la sincérité joyeuse.
 

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